Projet pédagogique

projet pédagogique

Projet Éducatif Marianiste (PEM)

Éduquer, une passion marianiste !

Dans le sillage du Référentiel Pastoral Marianiste, après un travail impliquant tous les membres des communautés éducatives, le réseau marianiste s’est doté d’un nouveau projet éducatif offert à tous nos établissements (ce document est le résultat d’un cheminement en équipes de direction, en conseil de tutelle, puis d’un sondage envoyé à tous les membres des communautés éducatives, grâce auquel nous avons reçu plus de 1 300 réponses qui ont beaucoup enrichi la réflexion).

Introduction

Rejoindre un établissement marianiste, c’est accueillir une tradition éducative reçue de nos fondateurs, les Bienheureux Guillaume-Joseph Chaminade et Adèle de Batz de Trenquelléon, et de tous les éducateurs marianistes qui ont œuvré dans nos institutions depuis 200 ans. Ils ont développé des attitudes éducatives, inspirées par la présence de Marie dans leur vie.

Chaque établissement marianiste appartient à plus large que lui-même. Il est en relation avec d’autres, dans un esprit de fraternité et de solidarité.

Il s’inscrit dans une grande famille, répandue en France et plus largement dans le monde.

Il est membre d’un réseau qui forme des jeunes, de la maternelle à l’enseignement supérieur, avec des propositions spécifiques, comme les rassemblements nationaux et internationaux.

Il bénéficie de partenariats multiples qui favorisent l’ouverture de tous au monde.

Marie, femme ouverte et disponible, est à l’écoute de la Parole du Seigneur qui l’invite à l’aventure (cf. Lc 1, 26-38). Elle s’appuie sur Lui dans une confiance inébranlable et accepte que le dessein de Dieu transforme sa vie.

Attentive aux besoins de chacun, elle ne ménage pas sa peine pour rejoindre l’autre (cf. Lc 1, 39-56) et vivre la joie de la rencontre. Debout au pied de la croix de son Fils, elle devient notre Mère, capable d’accompagner tout chemin de vie. Attentive aux besoins des hommes, elle engage les disciples de Jésus à faire « tout ce qu’Il leur dira » (cf. Jn 2, 1-12).

Les Marianistes font alliance avec elle, pour la seconder dans sa mission de donner son Fils au monde. Ils veulent agir à son exemple, pour soutenir et accompagner les communautés éducatives, les invitant à devenir toujours plus partenaires de Marie, à se laisser inspirer par l’Évangile, à faire confiance envers et contre tout, aidant la vie à grandir et osant l’espérance.

Le cœur de la mission : la personne

La personne est au centre de la vie de l’établissement : élève, enseignant, membre du personnel de l’institution, chef d’établissement, parent… La mission de l’école est facilitée lorsque tous sont heureux de venir y travailler dans un esprit de famille. À cette condition, la progression de chacun devient possible dans un climat serein.

1. Une personne unique

L’école est une communauté où chacun est accueilli avec bienveillance, appelé par son nom et écouté. Il est reconnu avec ses talents et accepté avec ses faiblesses, sa singularité. Cela demande de s’adapter à la réalité de chacun. Il s’agit de se faire proche, dans une distance respectueuse, de laisser se développer capacités et estime de soi, gage d’une vie heureuse. Tous les membres du personnel, quelle que soit leur fonction, ont aussi besoin de cette écoute et de cette reconnaissance qui leur permettent de progresser. Leur mission d’éducation en est ainsi confortée.

2. Une personne en relation…

L’école est une communauté de vie. Chaque personne est en relation avec une multitude d’autres, jeunes ou adultes. Dans ce milieu varié se fait l’apprentissage de la différence, de quelque nature que ce soit : différences de génération, de milieu social, de religion, de culture.

La communauté est une force pour accomplir notre mission. Les adultes y sont au service des jeunes pour les aider à grandir et à se former.

« Si tous nos professeurs s’entendent bien et s’ils y mettent un grand intérêt, il est à présumer qu’ils soutiendront bien l’œuvre avancée. » Père Guillaume-Joseph Chaminade

En s’inspirant de l’exemple des adultes ou d’autres jeunes, chacun apprend peu à peu à se mettre au service de la communauté, dans la réciprocité. L’entraide et le partage des tâches, vécus dans la gratuité, permettent à chacun de découvrir ses talents et la joie de se donner pour le bien de l’ensemble. La mise en place d’une écoute confiante des parents et d’un véritable partenariat avec les familles permet d’assurer une bonne cohérence éducative.

« … L’éducation est un rayonnement, une fascination qui s’exercent à l’insu des élèves. L’éducateur fait donc plus par ce qu’il est que par ce qu’il dit. Aussi sa valeur professionnelle, si importante qu’elle soit, importe-t-elle moins que les qualités de la personnalité, du caractère et de la culture. » Père Paul-Joseph Hoffer, sm

La présence d’anciens élèves et d’anciens collaborateurs restés en lien avec l’établissement est un élément qui favorise l’esprit de famille caractéristique de nos écoles marianistes.

… Et qui communique

Dans cette grande communauté se pose la question, jamais totalement résolue, de la communication ; elle demande imagination et efforts permanents pour progresser. Si personne ne se sent exclu des informations qui touchent à la vie de l’établissement, les relations sont plus harmonieuses. Chacun a le souci d’informer de ce qu’il fait et de rechercher l’information qui a été diffusée. L’esprit de l’établissement y gagne en sérénité.

Un deuxième aspect de la communication concerne les liens avec l’extérieur : il s’agit d’établir de bonnes relations, de créer des partenariats et de s’attacher à faire connaître nos spécificités, nos recherches, nos réussites.

On ne peut réfléchir à la communication sans parler des moyens dont nous disposons aujourd’hui ; beaucoup en usent avec facilité, certains s’en trouvent exclus. Une éducation à l’utilisation ajustée du numérique et des évolutions technologiques est nécessaire. Des enjeux tels que le rapport au temps, à la vérité, la dépendance et l’enfermement dans l’immédiateté sont à prendre en compte pour discerner ce qui va dans le sens de la vie.

3. Une personne en croissance

Pour grandir, la personne a besoin d’être accompagnée, afin de relire avec elle les événements qui la concernent pour qu’elle en tire profit et évite de s’engager sur des chemins sans issue. Cela demande d’être attentif à la progression de chacun, au développement de sa capacité d’autonomie, de responsabilité. Cela suppose aussi de poser des exigences, d’inviter à l’effort et au dépassement de soi, pour découvrir la joie d’avoir surmonté une difficulté et se sentir valorisé. Un cadre structurant associé à une grande bienveillance permet à chacun d’être en sécurité et de croître sereinement. L’exigence accompagnée d’un regard qui espère et fait confiance constitue un encouragement.

« Ne craignez pas de trop flatter l’amour-propre en laissant apercevoir quand il y a lieu que vous êtes contente : peu d’âmes sont assez fortes pour n’en avoir pas besoin quelquefois et c’est un grand art de tenir les coeurs contents. »
Mère Marie-Joseph de Castéras, fmi

Ce cheminement, qui demande du temps et de la patience, permet à chacun de découvrir ses capacités, favorise le développement de son autonomie et l’aide à discerner peu à peu dans quel domaine il pourra s’investir et prendre sa place dans le monde.

La réflexion sur l’orientation et les limites que nous rencontrons tous tôt ou tard prend alors sa place plus facilement dans ce processus de croissance.

L’apprentissage de la prise de responsabilité passe aussi par la participation aux diverses instances de l’établissement : conseils de classe, conseil de vie collégienne ou lycéenne, conseil d’établissement, etc…

La participation à des mouvements divers, ou groupes de chant, de théâtre, de sport, scoutisme, manécanterie, servants d’autel ou à toute autre activité (solidarité, entraide, journal interne, etc…), nourrit une dynamique de projet et favorise l’apprentissage de l’autonomie, de l’engagement, ainsi que le sens des relations interpersonnelles et de l’ouverture aux besoins des autres.

Les adultes, eux aussi, sont invités à entrer dans ce processus de croissance par une politique de formation permanente qui contribue à la promotion de la personne.

Un climat de confiance, d’espérance dans les capacités de chacun crée une ambiance paisible, qui favorise la paix intérieure de celui qui se sait aimé et accompagné, la sérénité dans les relations mutuelles.

« Vierge à l’enfant », Giovanni Battista Salvi, v. 1640,
Pinacothèque municipale de Cesena (Italie)

« Une éducation progressive qui compte avec le temps et ne cherche pas la perfection tout de suite. Le développement n’arrive que lentement… »
Mère Marie-Joseph de Castéras, fmi

4. Une personne dans toutes ses dimensions

Les établissements marianistes veulent délivrer une « éducation intégrale de qualité ». Toutes les dimensions de la personne sont concernées par l’éducation et sont en relation entre elles.

Les propositions faites aux élèves visent donc l’enseignement au sens strict du terme mais aussi toutes les activités périscolaires, éducatives, culturelles et spirituelles qui se déploient tout au long de l’année.

La mise en œuvre de ces dimensions nécessite la prise en compte des exigences matérielles et économiques qu’elles requièrent. Cela demande à chacun d’adhérer au projet et d’être prêt à s’engager dans sa réalisation.

DIMENSION HUMAINE
C’est le socle sur lequel toute la formation s’appuie. Chaque jeune doit pouvoir, à son rythme propre, développer ses capacités relationnelles, être accepté dans son corps et son affectivité, afin de grandir et d’être accompagné dans sa croissance.

Apprenant à réfléchir et agir avec discernement, il pourra mieux s’orienter sur son chemin.

Et la vie croît et s’enrichit quand on célèbre ensemble les temps forts de l’existence, quand on nourrit le quotidien par des rituels communs.

DIMENSION INTELLECTUELLE
L’école est bien sûr le lieu de l’apprentissage et de la construction des savoirs, le lieu de découverte d’une culture nécessaire à tous, dans tous les domaines, y compris religieux, et de formation aux technologies actuelles.

Peu à peu, avec l’aide des autres, adultes en particulier, chacun accède aux informations et les structure en un savoir harmonieusement construit. L’école ouvre le champ de la culture et la capacité d’interagir avec celle-ci.

Elle permet à chacun de découvrir tout ce qui peut l’ouvrir à de nouvelles approches, facilite la réflexion personnelle et développe l’esprit critique. Le dialogue entre foi et culture évite de séparer des dimensions qui touchent toute la personne.

« L’essentiel est l’intérieur, il faut sérieusement s’en occuper »
Père Guillaume-Joseph Chaminade

DIMENSION SPIRITUELLE
Par sa nature englobante, ce champ mène à l’unification de la personne dans toutes ses dimensions.

Tout ce qui élève doit trouver sa place : révélation et développement de dons artistiques, contemplation du bien, du beau et découverte de l’intériorité, recherche de sens et de vérité.

C’est dans ce cadre que la foi est proposée, avec des temps qui favorisent la rencontre avec le Christ : célébrations, moments de prière, proposition d’activités diverses, et en particulier des temps forts marianistes.

La présence d’une communauté chrétienne et l’existence d’espaces spécifiques clairement identifiables manifestent cette ouverture spirituelle.

5. Une personne ouverte au monde

Chaque établissement collabore avec son entourage : autres établissements, institutions, professionnels de l’éducation, presse et médias, milieux artistiques, etc… Il n’y a pas d’autarcie possible : celle-ci paralyserait la vie.

Là où l’on entretient un climat chaleureux et accueillant, le jeune apprend à s’ouvrir aux autres, à développer sa curiosité, à s’intéresser réellement à tout ce qui n’est pas lui, à s’engager dans des actions solidaires.

« C’est dans ce petit monde qu’est la classe ou l’école, qu’on initie progressivement l’enfant au sens du bien commun. »
Père Paul-Joseph Hoffer, sm

La présence de marianistes sur tous les continents fournit des opportunités idéales pour élargir les horizons à l’international, dans le cadre scolaire ou périscolaire.

Dans cet esprit, les jeunes sont sensibilisés au respect de la Création, à l’urgence écologique, qui ne peut être séparée de la nécessité de travailler à instaurer la justice et la paix. Ces dimensions se vivent chaque jour à l’intérieur des établissements.

6. Une personne capable d’adaptation et d’innovation

Pour s’adapter aux réalités nouvelles qui se présentent aujourd’hui, les enseignants et éducateurs sont encouragés à se former, à inventer, à innover, et à mettre en valeur leurs idées et leurs initiatives, pour que d’autres en bénéficient.

Le réseau marianiste favorise ainsi une dynamique d’innovation, par des partages d’expériences, des recherches communes et concertées, des temps de formation organisés entre tous.

Il est indispensable de poursuivre les innovations et les échanges dans le domaine de l’accueil et de l’accompagnement de publics « différents ».

Concilier l’attention pédagogique personnalisée à l’élève en difficulté et la présence au groupe-classe dans lequel il est inséré requiert une vigilance de chaque instant.

Ainsi se développe une intelligence collective pour résoudre ensemble les difficultés propres à l’éducation et à l’enseignement et répondre avec bonheur à la mission de nos établissements.

« Le Géographe », Johannes Vermeer, 1669
Städelsches Kunstinstitut, Francfort-sur-le-Main (Allemagne)

Conclusion :
Tous appelés et envoyés

« Les établissements marianistes doivent être reconnaissables au climat d’esprit de famille, au respect de la personnalité du jeune et à une sage ouverture aux adaptations exigées par les temps et les milieux » Père Paul-Joseph Hoffer, sm

La formation dispensée aux jeunes qui nous sont confiés, dans toutes ses dimensions : humaine, intellectuelle et spirituelle, ne vise pas seulement le développement d’une excellence intellectuelle et l’acquisition de diplômes.

  • Elle doit conduire peu à peu à la prise de conscience d’un appel au service de la communauté humaine, quelle que soit la forme de ce service.
  • Elle a pour but de préparer l’avenir du jeune, de lui apprendre à s’adapter aux circonstances et à assumer les difficultés inhérentes à toute vie.
  • Elle veut former des hommes et des femmes heureux, debout et bâtisseurs, capables de s’intégrer dans la cité, de prendre activement leur part à la vie de la société.

« Dans le dessein de Dieu, chaque homme est appelé à se développer car toute vie est vocation. »
Paul VI – Populorum progressio, n°15, 1967

C’est à cela que nous voulons travailler dans nos établissements : permettre à chaque jeune et à chaque adulte de découvrir et de vivre sa vocation propre et lui donner les moyens d’y parvenir.

Bienheureuse Adèle de Batz de Trenquelléon et Bienheureux Guillaume-Joseph Chaminade, Fondateurs de la Famille Marianiste
Bronze, Alain Dumas, 2016, Agen